Dans un marché toujours très difficile, la division hélicoptères d’Airbus a plutôt bien résisté en 2018. Si les livraisons sont en nette baisse, les commandes et la part de marché sont reparties à la hausse.
Résister, en attendant des jours meilleurs. Ce fut -encore- le mot d’ordre d’Airbus Helicopters en 2018. L’ex-Eurocopter a annoncé mercredi 23 janvier des résultats plutôt solides, sur un marché des hélicoptères qui a atteint son point bas depuis dix ans. Certes, le groupe de Marignane (Bouches-du-Rhône) n’a pas atteint son objectif de 400 livraisons, annoncé en janvier 2018. Il n’a livré que 356 appareils l’année dernière, un chiffre en baisse de 13%. Mais les commandes sont reparties à la hausse: le groupe a enregistré 413 commandes brutes (381 en comptant les annulations), contre 350 en 2017. Le carnet de commandes atteint ainsi 717 hélicoptères, soit deux années de production. « Notre performance commerciale en 2018 témoigne de la résilience développée par l’entreprise pour naviguer dans un environnement qui demeure difficile », se félicite Bruno Even, le patron du groupe, qui a succédé à un Guillaume Faury nommé à la tête des avions commerciaux.
Airbus a-t-il fait mieux que la concurrence? A regarder les chiffres, la réponse est oui. Sur un segment qui a encore souffert en 2018 (508 hélicoptères civils livrés contre 520 en 2017), Airbus a augmenté sa part de marché, passée de 50 à 54% en un an sur le segment civil et parapublic (police, sécurité civile…). Le groupe européen devance largement l’italien Leonardo (21%), qui devrait boucler l’année au alentours de 175 livraisons, mais aussi l’américain Bell (11%) et le russe Russian Helicopters (10%). Les commandes de ses bestsellers se portent plutôt bien, avec 148 commandes pour les biturbines H135 et H145, et 162 pour le H125 (famille Ecureuil). Le tout nouveau H160, remplaçant du Dauphin sur le milieu de gamme, a quant à lui récolté 15 commandes.
- Premier vol de CityAirbus
Mais la meilleure surprise de l’année est l’accélération d’Airbus sur le segment des hélicoptères militaires. Si les chiffres définitifs ne sont pas encore connus, la part de marché du groupe européen sur les prises de commandes serait passée de 9% à 25% en un an sur ce segment, sur lequel l’ex-Eurocopter affronte de gros bras comme Sikorsky. Airbus a notamment décroché un contrat de 28 hélicoptères de transport NH90 avec le Qatar, et une commande de 20 H145M par la Hongrie. Et les chiffres auraient pu être plus élevés: certains contrats signés en 2018 ne seront comptabilisés qu’en 2019, car pas encore entrés en vigueur. C’est le cas pour la commande de 23 NH90 supplémentaires par l’Espagne, et pour le contrat pour 16 H225M Caracal signé en décembre par la Hongrie.
Ces ventes militaires compensent en partie l’atonie persistante du marché oil&gas (desserte de plateformes pétrolières et gazières), qui s’est effondré depuis quelques années et ne montre guère de signes d’un rebond significatif. La bonne nouvelle, c’est qu’Airbus Helicopters a appris à faire sans: malgré la crise du oil&gas, le groupe a enregistré 17 commandes de son hélicoptère lourd H225 Super Puma, en version civile et militaire. De quoi soutenir le plan de charge du site de Marignane, qui assemble le H225.
L’année 2019 s’annonce tout aussi chargée pour Airbus Helicopters. Le groupe devra poursuivre les tests en vol de son nouveau H160, avec lequel il veut reconquérir les parts de marchés perdues par le vieillissant Dauphin. Il s’apprête également à effectuer le premier vol de son prototype de taxi volant CityAirbus, actuellement en cours de développement dans le site bavarois de Donaüworth.
Source : Challenge